Catéchèses

Les images dans l’Ancien Testament

Introduction

Il existe un préjugé selon lequel à l’époque de l’Ancien Testament les images étaient formellement interdites. Elles représenteraient une nouveauté absolue, apportée par l’Eglise sur le fondement théologique de l’incarnation du Fils de Dieu. Cependant les découvertes archéologiques contredisent cette idée, car certaines ruines des synagogues antiques gardent des représentations murales. C’est pour cette raison qu’il serait intéressant d’étudier les représentations mentionnées dans l’Ancien Testament avant d’analyser les fondements théologiques des représentations chrétiennes.

Les dix commandements

Et Dieu prononça toutes ces paroles, en disant : Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. Car moi le Seigneur, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération pour ceux qui me haïssent, et faisant miséricorde jusqu’à mille générations, pour ceux m’aiment et qui gardent mes commandements. (Exode 20, 1-6).

L’interdiction de l’Exode de faire « des images taillées, ou des figures de ce qui en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre » est accompagnée d’une précision : « tu ne te prosterneras point devant elles ». Il s’agit donc de l’interdiction des idoles, c’est-à-dire des représentations à adorer à la place de Dieu et non d’une interdiction absolue de la sculpture ou la peinture. Les commandements mentionnés dans l’Exode sont repris dans le Deutéronome :

Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir de la terre d’Egypte, de la maison de servitude. Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras point d’idoles, ni d’images d’aucune chose existant dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans les eaux. Tu ne les adoreras point, tu ne les serviras point ; car je suis le Seigneur ton Dieu, Dieu jaloux, vengeant sur les enfants les péchés des pères, jusqu’à la troisième ou à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, Et faisant miséricorde, pendant des milliers de générations, à ceux qui m’aiment et qui observent mes commandements. (Déuteronom 5, 6-10)

Le Déuteronom complète les commandements mentionnés dans l’Exode avec l’interdiction de ne pas avoir d’autres dieux. C’est de cette interdiction que découle l’interdiction des répresentations qui pourraient être divinisées. En revanche, les répresentations sont possibles si elles n’ont pas le but de remplacer Dieu. Certaines répresentations sont même demandées par Dieu même, comme l’indique les passages de l’Exode mentionnés en ce qui suit.

Les deux chérubins

Pour couvrir l’arche, tu feras un propitiatoire (ἱλαστήριον) d’or le plus pur, long de deux coudées et demie, large d’une coudée et demie. Et tu feras deux chérubins d’or ciselé, que tu poseras des deux côtés du propitiatoire. Les deux chérubins seront, l’un sur un côté du propitiatoire; l’autre, sur l’autre côté; tu feras les deux chérubins sur les deux côtés. Les deux chérubins auront les ailes étendues en haut, ils ombrageront de leurs ailes le propitiatoire, le visage tourné l’un vers l’autre; vers le propitiatoire, sera tourné le visage des chérubins. Et tu placeras le propitiatoire au haut de l’arche, et, dans l’arche, tu mettras les témoignages que je te donnerai. De cette arche, je me manifesterai à toi, je te parlerai du haut du propitiatoire, entre les deux chérubins qui seront sur l’arche du témoignage, et je te donnerai tous mes ordres pour les fils d’Israël. Tu feras aussi, en la revêtant d’or pur, une table de deux coudées, large d’une coudée, haute d’une coudée et demie. Et tu feras, tout autour d’elle, des cimaises d’or; et elle aura une couronne d’une palme de largeur. Et tu mettras à la couronne une cymaise tordue tout autour. Tu feras quatre anneaux d’or, et tu poseras les quatre anneaux au-dessous de la couronne, aux quatre coins où seront les pieds de la table. Ces anneaux seront pour recevoir les leviers, afin par leur moyen d’enlever la table. Tu feras ces leviers en bois incorruptible, tu les revêtiras d’or pur, et par leur moyen on enlèvera la table. Tu feras pour elle les plats, et les encensoirs, et les urnes à puiser des libations, et les coupes pour les répandre; tu les feras en or pur. Et tu placeras sur la table les pains de proposition pour être sans cesse devant moi. Et tu feras un chandelier d’or pur, il sera ciselé; sa tige, ses branches, ses coupes, ses pommes et ses lis, seront tout d’une pièce. Six branches sortiront des côtés : trois d’un côté, trois de l’autre côté. Et tu feras, pour chaque branche, trois coupes façonnées comme des noix (καρυϊσκους); et, sur chaque branche, une pomme et un lis (κρίνον); telles seront les six branches sortant du chandelier. Et tu feras, sur le chandelier, quatre coupes façonnées comme des noix (καρυϊσκους), et ses pommes et ses lis seront avec les branches Il y aura une pomme sous deux branches du chandelier, et une pomme sous quatre branches du chandelier; il en sortira donc six branches. Et il y aura, sur le chandelier, quatre coupes façonnées comme des noix. (Exode 25, 17-35)

Non seulement des représentations de chérubins sont demandée à Moïse, sur le couvercle de l’arche et sur les vêtements des prêtres, mais toute sorte de décorations végétales. Le plus remarquable est la représentation des fleurs des lys, à six pétales, qui donneront plus tard, par schématisation, l’étoile de David à six rayons.

Il est important de noter que Dieu promet à Moïse de se révéler à lui dans un endroit précis, entre les sculptures de deux chérubins, placées des deux côtés de l’arche. Refuser la représentation de ces chérubins aurait annulé l’endroit même de la révélation de Dieu, telle qu’elle est mentionnée ailleurs dans l’Ancien Testament :

Et lorsque Moïse entrait dans le tabernacle du témoignage pour parler au Seigneur, il entendait la voix du Seigneur lui parlant du haut du propitiatoire, qui était sur l’autel du témoignage, entre les deux chérubins ; c’est ainsi que le Seigneur lui parlait. (Nombre 7, 89)

De la même manière que le refus des représentations de deux chérubins aurait restreint la communion de Moïse avec Dieu, le rejet des icônes diminuerait la grâce dont se réjouissent les chrétiens. C’est pour cette raison que la vénération des icônes est une marque importante de l’Orthodoxie et sans elle la foi orthodoxe se retrouverait diminuée.

La sainteté du Seigneur

Un autre fait intéressant mentionné dans l’Ancien Testament est la plaque portant l’inscription « Sainteté du Seigneur », que le grand prêtre devait porter sur la tiare lui couvrant la tête.

Tu feras une plaque (πέταλον) d’or pur, et tu y graveras, comme on grave sur un cachet : Sainteté du Seigneur (αγίασμα κυρίου). Tu la poseras sur de l’hyacinthe file ; et elle sera sur la tiare, par devant. Elle sera sur le front d’Aaron, et Aaron citera les péchés de leurs choses saintes, les manquements de toutes les choses saintes que consacreront les fils d’Israël. Et elle sera toujours sur le front d’Aaron, afin que le Seigneur leur soit favorable. (Exode 28, 36-38)

Les orthodoxes ont utilisé ce passage aussi pour la défense des icônes, en s’appuyant sur l’évidence que la plaque n’est pas elle-même la sainteté de Dieu. En effet, la sainteté du Seigneur n’apparait pas avec la construction de la plaque et n’est pas détruite avec elle. De la même manière comme la plaque n’est pas la sainteté de Dieu, les icônes ne sont pas elles-mêmes l’objet de notre vénération, mais les personnes qui y sont représentées. La vénération des icônes monte vers ceux qui y sont représentés – le Seigneur, sa Mère toute pure ou les saints – la représentation de l’icône étant le support matériel d’une vénération spirituelle.

Moïse recevant la Loi

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