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Lettre du Saint Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine au dimanche de l’Orthodoxie de l’an du Seigneur 2022

Aux très-révérends moines, aux révérends clercs et aux fidèles bien-aimés du Patriarcat de Roumanie

Grâce, joie et paix de la part de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et de notre part bénédictions paternelles !

Révérends et Très Révérends Pères,

Bien-aimés frères et sœurs dans le Christ-Seigneur,

Le Septième Concile Œcuménique, convoqué par la sainte impératrice Irène (752-803) en 787 et présidé par le saint Patriarche Taraise de Constantinople, basé sur la tradition biblique et patristique des six Conciles Œcuméniques, a établi que, de la même manière que la sainte Croix est vénérée, ainsi devaient être vénérées également les saintes Icônes : « De même que l’est le modèle de la sainte et vivifiante Croix, ainsi que soient élevées les saintes et vénérables icônes, soit en couleur, soit en mosaïque, ou en tout autre matériau approprié, dans les saintes églises de Dieu, sur les vases sacrés, sur les vêtements sacrés, sur les murs et sur le bois, dans les maisons et au bord des routes ; à savoir, l’icône de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ et de notre Très-Sainte Souveraine, la Toute-Pure Mère de Dieu, des saints anges et de tous les hommes saints et vénérables »[1].

Mais la victoire au Septième Concile Œcuménique ne signifiait pas la fin de la lutte pour défendre la vraie foi. De lourds nuages ​​orageux se sont élevés dans le clair ciel du christianisme avec un autre empereur iconoclaste (opposant à la vénération des saintes icônes) montant sur le trône de Byzance – Léon l’Arménien (813-820). Mais cette fois encore, Dieu ne laissa pas Son Église sans une solide protection.

La résistance théologique dans cette nouvelle guerre fut menée par un autre grand défenseur de l’orthodoxie, saint Théodore le Studite (759-826) qui, un siècle après saint Jean Damascène († 749), éleva la voix et mis par écrit le fondement renouvelé de la vénération des icônes, en termes simples, mais d’une grande profondeur spirituelle. Voici son argument : „Nous savons que le Fils de Dieu, devenant homme véritable, fut en tout semblable à nous. Or, puisque l’homme peut être représenté, cela signifie que le Christ également peut être représenté. Ainsi l’icône peinte est pour nous lumière sainte, mémoire pour nous qui le voyons naître, être baptisé, accomplir des miracles, être crucifié, être enseveli, ressusciter et monter aux cieux, sans douter que cela fut ainsi; la vue coopère ici à la contemplation de l’esprit et les deux soutiennent la foi dans le mystère du salut”[2]

La victoire définitive de la vénération des saintes Icônes fut proclamée par le Concile de 843, convoqué par la sainte Impératrice Théodora, une autre impératrice orthodoxe qui, avec le Patriarche Méthode de Constantinople (843-847), le samedi 11 mars 843, dans l’église des Blachernes de Constantinople, réaffirma les décisions du Septième Concile Œcuménique, les renforçant et les consolidant dans des décisions définitives et valables pour toute l’Église.

Le lendemain, un dimanche, fut lu solennellement sur le parquet de l’église Sainte-Sophie de Constantinople, à la fin de la Divine Liturgie, le Synodikon de l’Orthodoxie, à l’audition du peuple fidèle, présent en nombre impressionnant. Ainsi, à partir de cette année 843, le premier dimanche du Grand Carême devint, pour tout le monde orthodoxe, le Dimanche de l’Orthodoxie, jour de grande et sainte solennité, au cours duquel est célébrée la victoire de la vraie foi sur toutes les hérésies et erreurs.

Chers fidèles,

Le Dimanche de l’Orthodoxie, célébré depuis 843 dans toute la chrétienté orthodoxe, révèle le soin incessant de Dieu pour l’Église.

Lorsque nous vénérons, adorons et baisons pieusement les saintes Icônes, nous rencontrons le Christ, la Mère de Dieu et les Saints de Dieu. Saint Théodore le Studite précise clairement que la vénération de l’icône du Christ est dirigée vers la Personne du Christ : « l’icône du Christ n’est autre que le Christ, en dehors de la différence évidente de substance, comme on l’a déjà montré souvent. Pour cette raison sa vénération est la vénération du Christ, puisqu’elle s’adresse, non à un élément matériel de l’icône, mais seulement au Christ montré ressemblant en elle. Or ceux qui ont une ressemblance exclusive reçoivent également un honneur exclusif »[3].

Par conséquent, nous croyons et confessons, comme croyaient et confessaient les Pères théophores que, dans les saintes églises, lorsque nous participons à la Divine Liturgie, nous participons à la grâce divine sanctifiante en écoutant le saint Évangile, par les prières prononcées devant les saintes Icônes, et de la manière la plus complète par la communion au Corps et au Sang du Christ dans la sainte Eucharistie. Lorsque nous vénérons l’icône du Christ, le Seigneur Jésus Christ est devant nous, et lorsque nous communions au Corps et au Sang du Christ, le Seigneur Jésus Christ nous devient intérieur, c’est-à-dire devient la Vie de notre vie (cf. Jean 6, 53-54).

Fidèles bien-aimés,

Il est devenu une tradition dans l’Église Orthodoxe Roumaine que, le premier dimanche du Grand Carême, une collecte de fonds soit organisée dans toutes les églises paroissiales et dans les églises des monastères, pour soutenir l’activité missionnaire de l’Église.

C’est ainsi que le Fond Central Missionnaire est destiné au travail missionnaire et social de l’Église et au soutien des paroisses pauvres de Roumanie et d’ailleurs. La création du Fond Central Missionnaire a été décidée sous le Patriarche Justinien Marina de bienheureuse mémoire, lors de la réunion du Saint-Synode du 18 septembre 1956, lorsqu’il a été décidé d’organiser une collecte dans toutes les paroisses et monastères du Patriarcat de Roumanie le Dimanche de l’Orthodoxie.

Suite à l’organisation des communautés qui vivent partout dans le monde, à travers la création de nouvelles éparchies, paroisses et monastères, en 2011, il a été décidé par le Saint-Synode que cette collecte soit étendue à tous les diocèses du Patriarcat de Roumanie, tant à l’intérieur des frontières du pays qu’en dehors de celui-ci.

De telles collectes trouvent leur fondement dans l’Écriture sainte, qui nous dit dans le livre des Actes des Apôtres que « tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun » (Actes 2, 44-45). Pour sa part, le saint Apôtre Paul s’est préoccupé d’aider les chrétiens de Jérusalem, qui étaient dans le besoin, et lança une « collecte de fonds pour les pauvres parmi les saints de Jérusalem » (Romains 15, 26).

Notre tradition de générosité est très riche d’œuvres de charité et du souci de l’Église du Christ et du peuple fidèle. Par leur travail acharné et leur gain, les fidèles orthodoxes se sont consacrés à la construction et à l’entretien des lieux de culte, mais aussi au soutien de toutes les activités de l’Église.

La solidarité manifestée par les fidèles orthodoxes au début de la pandémie, en 2020, et tout au long de celle-ci, lorsque l’Église a soutenu les hôpitaux avec le nécessaire pour traverser une période très difficile, est encore vivace dans la mémoire récente. Ainsi, les églises, les monastères et les cathédrales ont aidé les hôpitaux. C’est alors qu’une véritable communion d’amour chrétien s’est créée entre les médecins des corps et les pasteurs des âmes, ce qui nous a aidés à traverser plus facilement la grande épreuve de la pandémie.

Par conséquent, nous vous exhortons à ouvrir votre cœur cette année également et à aider ceux que la vie a amenés dans des situations difficiles. Ainsi, « que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9 : 7), soutenant de son don l’œuvre missionnaire et socio-philanthropique de notre sainte Église.

Utilisons la période du Grand Carême comme une occasion d’humble prière, de repentir sincère et d’aumônes, confessons-nous plus fréquemment et communions plus souvent aux saints Mystères, en préparation de la sainte Pâque.

En vous assurant de notre amour paternel, nous vous bénissons de la bénédiction apostolique : « La grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. » (2 Corinthiens 13:13). Amen!

† D a n i e l

Archevêque de Bucarest, Métropolite de Muntenia et Dobrogea,

Locum tenens du trône de Césarée en Cappadoce, Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine et Évêque locum tenens de Dacia Felix

avec tous les membres du Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine


[1] Pr. Sorin Șelaru (coord.), Hotărârile dogmatice ale celor șapte Sinoade Ecumenice, Ed. Basilica, București, 2018, p. 553.

[2] Sf. Teodor Studitul, Refutatio peom. Iconom., în PG 99, col. 456, apud Pr. Dumitru Stăniloae, Hristologie și iconologie în disputa din secolele VIII-IX, în vol. Învățătura despre Sfintele Icoane, reflectată în teologia ortodoxă românească. Studii și articole (I), Ed. Basilica, București, 2017, p. 244.

[3] Sf. Teodor Studitul, În apărarea sfintelor icoane. Dosarul unei rezistențe teologice, Antireticul III (14), trad. de Diac. Ioan I. Ică jr, Ed. Deisis, Sibiu, 2017, p. 291.

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