Saints protecteurs

Saint Jean Cassien

Prêtre, fondateur et abbé du célèbre monastère de Saint-Victor à Marseille, Jean Cassien naquit vers 350, en Egypte selon les uns, en Scythie selon les autres (actuelle Roumanie, région de Dobrogea), et pour d’autres enfin dans les Gaules. Il s’accoutuma dès sa jeunesse aux exercices de la vie ascétique, dans un monastère de Béthleem. La haute réputation de sainteté qu’avaient les solitaires des déserts de l’Égypte l’incita à aller les visiter en 390. Il fut accompagné par Germain, son parent et son compatriote. Frappés l’un et l’autre de beaux exemples de vertu qu’ils avaient sous les yeux, ils passèrent plusieurs années dans la solitude de Scété et dans la Thébaïde. Ils allaient pieds nus comme les moines du pays, étaient pauvrement vêtus et n’avaient pour subsister que le travail de leurs mains. Leur vie était fort austère, et ils mangeaient à peine par jour deux pains de six onces chacun.

En 403 ils se rendirent tous deux à Constantinople, et y entendirent les instructions que faisaient saint Jean Chrysostome. Cassien fut ordonné diacre et employé au service de cette ville. La saint archevêque ayant été exilé, Cassien et Germain allèrent à Rome. Ils étaient, selon Pallade, porteurs de lettres dans lesquelles le clergé de Constantinople prenait la défense de son pasteur persécuté. Cassien fut élevé au sacerdoce dans l’Occident, après quoi il se retira à Marseille, où il fonda vers 413 deux monastères, l’un pour hommes, l’autre pour femmes.

Saint-Victor de Marseille est une très ancienne et illustre Abbaye de l’ordre de Saint-Benoît, double, comme il vient d’être dit. Celui des hommes fut bâti dans le lieu où était anciennement la confession. Celui des femmes fut consacré sous le titre de Saint-Sauveur. L’église du premier était appelée Basilique des apôtres Pierre et Paul. L’église inférieure, ou la petite église, était dédiée en l’honneur de la Sainte-Vierge. Et de Saint Jean-Baptiste. Cet antique monastère après avoir été tour à tour dévasté par les Vandales, les Normands et les Sarrasins, fut reconstruit, vers l’an 1040, par les soins de Pons II, évêque de Marseille. On conservait dit-on, dans l’église inférieure, la croix de Saint-André, ancahssée d’abord dans du fer, puis dans dans de l’argent, qui avait été révélée par un ange au sacristain saint Hugues, après avoir été enfouie sous terre, près de la rivière de la Veaune par crainte des Sarrasins. Les rois de France, Pépin, Charlemagne, Louis le pieux et Lothaire, ainsi que les évêques et vicomtes de Marseille, enrichirent tour à tour l’abbaye de Saint-Victor de biens, de dignités et de privilèges. Mais sa principale gloire est d’avoir été la mère d’une multitude d’autres monastères, même hors des Gaules. L’observance régulière s’y étant maintenue florissante, les abbayes qui avaient besoin de réformes étaient soumises au régime des abbés de Saint-Victor. Aujourd’hui il reste encore de cette antique monastère une église et quelques autres débris que l’on contemple avec un religieux respect.

Ce fut dans le cloître que le bienheureux Cassien composa ses Conférences spirituelles et ses saints autres ouvrages. Il mourut en odeur de sainteté, vers l’an 433. On voyait à Saint-Victor un ancien tableau qui le représentait. Sa tête et son bras droit, refermés dans des châsses, y étaient exposés à la vénération publique, en conséquence d’une permission accordée par le Pape Urbain V. Le reste de son corps était sous une tombe de marbre qui se voyait dans une chapelle souterraine.

Ouvrages de Saint Jean Cassien

Les institutions de la vie monastiques

monastere copte
Monastère compte

L’auteur, dans les quatre premiers chapitres, parle des vêtements, des exercices et de la manière de vivre des moines, qui habitaient l’Égypte et qu’il proposait comme modèle aux moines d’occident. Ils portaient, dit-il, un habit pauvre qui ne servait qu’à cacher leur nudité. Les manches en étaient courtes et ne passaient point le coude. Leur vêtement était attaché avec une ceinture, et leur tête couverte d’un capuchon. Ils ne connaissaient point l’usage des souliers. Ils avaient seulement une espèce de sandales qu’ils quittaient lorsqu’il s’approchaient de l’autel. Ils portaient tous un bâton à la main, pour se rappeler qu’il étaient voyageurs sur la terre. Ils abandonnaient tout ce qu’ils pouvaient posséder dans le monde, travaillaient des mains, vivaient dans l’obéissance, récitaient l’office divin composé de psaumes et de leçons.

Ceux qui voulaient être reçus dans un monastère, devaient donner des preuves de patience, d’humilité, de mépris pour le monde, et être éprouvés par les refus et les affronts. On ne permettait à aucun postulant de donner ses biens au monastère qu’il choisissait. La première chose qu’on lui enseignait était la nécessité de vaincre ses passions, de renoncer à sa propre volonté, et d’avoir une obéissance aveugle pour son supérieur. On lui inculquait encore l’obligation où il était de ne pas se prévaloir de ses talents et de son savoir, et de tout ce qui pouvait nourrir en lui un orgueil secret.

Cassien, après avoir dit que les jeunes moines ne vivaient que d’herbes bouillies et assaisonnées avec un peu de sel, ajoute que l’abstinence, et les austérités extraordinaires des moines orientaux dans la nourriture n’étaient point praticables en Occident.

Il traite dans les huit derniers livres des huit vices capitaux ; il en indique les remèdes et en indique les vertus contraires. Il montre que la chasteté ne peut s’obtenir que par une grâce spéciale de Dieu, et qu’on doit la demander par des prières ferventes, accompagnées de jeûnes et de veilles. S’il recommande un jeûne continuel, il veut que l’on y observe les règles de la modération. Il remarque que la vaine gloire est le dernier vice que nous vainquions, et qu’il prend occasion de la victoire même remportée sur lui pour renouveler ses assauts.

Les Conférences avec les Pères

Dans ses Conférences avec les Pères, Cassien a recueilli les maximes spirituelles des plus sages et expérimentés des moines égyptiens qu’il avait fréquenté. Il a écrit ces conférences entre 423 et 428. Il y développe la théologie ascétique suivante : la pureté ou simplicité du cœur est la seule façon de voir Dieu. Elle s’acquiert en quittant le monde, en renonçant à tous les biens et richesses, en renonçant à soi-même, en dégageant son cœur de toute affection désordonnée et en se détachant de tout ce qui est visible pour ne se consacrer qu’au divin. Ceci représente selon Cassien la perfection de l’état monastique.

Le monde catholique romain voit dans la treizième conférence de Cassien des éléments semi-pélagiens, condamnés au concile d’Orange en 529. Le monde latin se positionne résolument derrière Augustin dans cette dispute théologique, et un disciple d’Augustin a même produit une réfutation de cette conférence. Ses œuvres sont lisibles dans les éditions patristiques de l’abbé Migne.

Pour résumer la controverse liée à l’enseignement de Saint Jean Cassien, que l’Occident latin qualifie, par inadvertance, de “semi-pélagien”, il faudrait préciser qu’au début du 5ème siècle, il y a eu une très importante confrontation théologique, entre deux conceptions opposées du salut de l’homme.

D’un côté, les disciples du moine Pélagius († 420) considéraient que tout chrétien peut atteindre la sainteté par ses propres forces et par son libre-arbitre et minimisaient le rôle de la grâce divine, non indispensable. Ces idées ont été condamnées aussi bien dans l’Occident que dans l’Orient chrétien comme contraires à l’enseignement du Seigneur qui avait dit: “séparés de moi, vous ne pouvez rien faire” (Jean 15, 5).

De l’autre côté, il y avait l’évêque Augustin d’Hippone († 430) et ses disciples, qui considéraient que le salut de l’homme est l’oeuvre exclusive de la grâce divine et que l’homme ne peut rien faire pour son propre salut. Cette doctrine, anéantissant la liberté humaine et ayant comme conséquence ultime la prédestination absolue, n’a pas été acceptée dans l’Eglise Orthodoxe. Pour cette raison, la mémoire d’Augustin reste assez ambiguë dans la pratique orthodoxe. Certains orthodoxes le vénèrent comme un saint, en précisant toutefois que cette vénération est due à son oeuvre pastoral et non à sa théologie. D’autres lui refusent toute vénération, car ils le considèrent comme précurseur aux diverses contradictions entre les chrétiens d’Orient et d’Occident. Enfin, d’autres ont choisi une voie de milieu, en lui attribuant le titre de “bienheureux”.

L’enseignement de Saint Cassien explique que le salut de l’homme est l’oeuvre commune de la grâce divine et de l’effort humain. Ce travail est appelé dans la théologie orthodoxe synergie, c’est-à-dire la collaboration libre de l’homme avec la grâce divine donnée par Dieu. Ainsi, les ouvrages de Saint Jean Cassien ne sont pas des documents “semi-pélagiens” ou “semi-hérétiques” mais au contraire, constituent un témoignage authentique de la théologie et la sotériologie orthodoxe au début du 5ème siècle.

De l’Incarnation contre Nestorius

Cet ouvrage théologique combattant l’hérésie de Nestorius fut écrit vers 430, à la demande de saint Léon, archidiacre de Rome.

Sainte Geneviève de Paris

Sante Geneviève est, en fait, née à Nanterre, en 423. C’est Saint Germain, évêque de Troyes qui la rencontre et lui fait épouser la vie monastique avec l’accord de ses parents, eux-mêmes chrétiens. A la mort de ses parents, elle vient vivre à Paris. Bien qu’il n’exista aucun monastère pour femme, elle vit très pieusement chez sa marraine ne mangeant que deux fois dans la semaine, les jeudi et dimanche.

Les récits hagiographiques témoignent des calomnies dont elle fut victime mais du soutien sans faille de son évêque. Lorsqu’Attila, le roi des Huns envahi la France et s’approche de Paris, de nombreux habitants et principalement les bourgeois souhaitent s’enfuir pour préserver leurs richesses du pillage annoncé. Les prières de Genviève attirent des hommes et des femmes qui se joignent à elle dans la louange. Elle parvient à convaincre les habitants de rester dans Paris. Attila finalement n’ira pas vers Paris et sera défait par une alliance entre les troupes romaines, franques et wisigothes à Chalons sur Marne en 451. Par contre, lorsque Mérovée, roi des Francs, prend Paris après un siège de 5 ans, elle ne prie pas pour l’empêcher. Elle met en place un convoi de ravitaillement de blé pour empêcher la famine résultant de la guerre et les témoignages rapportent des cas de guérisons miraculeuses et d’exorcismes.

Sa renommée fut si grande, que Saint Syméon le Stylite qui vivait en Asie demanda à des marchands venant de Paris de le recommander dans les prières de Geneviève. Elle eut beaucoup d’influence sur Mérovée et son fils Childéric, qui dans leur vision païenne du monde la prenait pour une sorte de déesse. Elle fut naturellement écoutée par Clovis, premier roi chrétien de France. Elle est née au ciel le 3 janvier 512. Ses reliques, furent profanées deux fois. D’abord en 1793 lorsque les révolutionnaires les brûlèrent en place de grève, le 3 décembre, puis à nouveau en 1871 ou des ossements provenant d’autres endroits de culte furent jetés au vent. Il demeure quelques reliques à Verneuil.