Catéchèses

La nourriture du Seigneur et la nôtre

Dieu nous aime

Il est facile de dire que Dieu nous aime, mais croire cela demande entre autres un certain degré d’abstraction, et notre humble contemplation du Dieu transcendant ne nous aide pas toujours. En revanche, il est plus facile de croire que Dieu fait homme nous aime, car par son incarnation il nous montre son grand amour d’une manière humaine, accessible et compréhensible pour chaque humain.

Lors de la rencontre de Sichar, avec la femme samaritaine, le Seigneur Jésus était fatigué, avait soif et sans doute il avait faim, car ses disciples l’implorait de manger de la nourriture qu’ils venaient d’acheter. En refusant la nourriture, le Seigneur nous a montré que son amour est si grand que le salut des samaritains qui s’approchaient lui était plus précieux que son propre besoin. Il se montre prêt à négliger ce qui est nécessaire voir indispensable à sa vie humaine, pour le salut des hommes, soient-ils des samaritains.

L’enseignement du Seigneur

Aux insistances des disciples de prendre un peu de nourriture, le Seigneur répond : « j’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». En disant cela alors que les gens de Samarie se dirigent à sa rencontre chercher l’instruction, nous montre que l’enseignement et l’exhortation pour le salut est nourriture non seulement pour celui qui reçoit, mais aussi pour celui qui donne.

Si le Fils de Dieu incarné il se dit nourrit par enseignement du salut qu’il donne aux autres, d’autant plus nous devons considérer comme nourriture spirituelle très désirable la contribution que nous apportons pour le salut des autres.

Le Fils de Dieu fait homme nous enseigne la voie du salut non seulement par ses paroles mais surtout par son exemple. Il nous montre, d’abord aux serviteurs de la parole puis à tout le peuple, que nous devons renoncer même à ce qui est nécessaire ou indispensable à la vie pour remplir notre mission.

L’œuvre du Fils de Dieu

Premièrement, le Fils de Dieu dit qu’il accompli son œuvre en tant qu’envoyé du Père. En parlant à la samaritaine de l’eau vive, il désigne l’Esprit-Saint (comme le confirme Jean 7, 37-39). Le Seigneur ne travaille donc pas seul, mais en communion avec le Père et le Saint Esprit.

Deuxièmement, l’œuvre du Fils de Dieu incarné a deux aspects, selon ses deux natures. En tant qu’homme il nous montre dans son humanité l’amour que le Père a pour nous, comme nous l’avons déjà remarqué.

En tant que Dieu il peut nous amener vers l’amour du Père, puisqu’il est lui-même le Fils du Père, né avant tous les siècles. Par notre union avec le Fils de Dieu incarné nous devenons enfants de Dieu et nous pouvons appeler Dieu « notre Père ». Cependant uniquement le Seigneur l’appelle « Mon Père » – cela étant consigné plus qu’une trentaine de fois dans l’Évangile selon saint Jean –, et montre par cela la différence de nature entre nous et lui-même qui est vrai Dieu de vrai Dieu.

La volonté du Père et du Fils

Dans le Credo nous confessons notre foi en « un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils Unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière de Lumière, Vrai Dieu de Vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père ». Or étant consubstantiel au Père, le Fils a non seulement la même nature que le Père, mais aussi la même volonté que le Père et le Saint Esprit.

Par son incarnation, le Fils de Dieu a pris non seulement une deuxième nature, humaine, mais aussi une deuxième volonté. Nous le confessons en deux natures, comme l’enseigne le 4ème Concile Œcuménique (451) et deux volontés, comme l’enseigne le 6ème Concile Œcuménique (680-681).

Quand le Seigneur dit « ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » il parle de sa nourriture en tant qu’homme et de la volonté divine du Père. La volonté du Père est aussi la sienne en tant que Dieu, mais sa volonté humaine est différente, par nature, de sa volonté divine. Les deux volontés du Seigneur ne sont pas contraires, car sa volonté humaine obéit à sa volonté divine, celle du Père et du Fils et Saint Esprit.

La nourriture du Seigneur et la nôtre

En soumettant sa volonté humaine à sa propre volonté divine, qui est celle du Père, le Seigneur nous montre la voie du salut. Il nous la montre d’abord par son enseignement et par son exemple personnel. Mais il ne se contente pas d’un partage qui reste tout de même extérieur, car il se donne lui-même en nourriture au peuple fidèle, par l’Eucharistie. Par cette communion il partage avec nous sa vie et sa volonté de suivre la volonté du Père.

En conséquence, nous nous efforçons de faire la volonté du Père non seulement pour suivre l’exemple du Seigneur et son enseignement, mais puisque nous voulons rester en communion avec le Seigneur qui vit en nous. Il ne s’agit pas d’un mimétisme extérieur, mais de notre vie spirituelle la plus profonde.

« Que Ta volonté soit faite »

En étant uni au Christ, d’abord par le baptême et puis par tous les Mystères de l’Église, surtout la Sainte Eucharistie, nous vivons en tant qu’enfants de Dieu, par la grâce. En tant qu’enfants de Dieu nous prions en disant « Notre Père qui êtes aux cieux, que ton nom soit sanctifié. Que votre règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Nous montrons par cela notre désir d’accomplir la volonté de Dieu.

Saint Jean Chrysostome observe que nous ne demandons seulement que la volonté de Dieu soit faite en nous-même ou dans notre entourage proche. Nous demandons que la volonté de Dieu soit fait sur « la terre », c’est à dire sur toute la terre. Nous prions ainsi pour le monde entier, car c’est la volonté de Dieu que tous les hommes trouvent le chemin du salut.

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