Donne-le-leur pour moi et pour toi.
A la fin du 17ème chapitre de l’Evangile selon Saint Mathieu nous lisons :
Lorsqu’ils furent de retour à Capharnaüm, ceux qui recueillaient les didrachmes s’approchèrent de Pierre et lui dirent : « Votre Maître ne paie-t-il pas les didrachmes? » – « Oui, » dit Pierre. Et comme ils entraient dans la maison, Jésus le prévenant, lui dit: « Que t’en semble, Simon? De qui les rois de la terre perçoivent-ils des tributs ou le cens? De leurs fils, ou des étrangers? » Pierre répondit: « Des étrangers », — « Les fils, lui dit Jésus, en sont donc exempts. Mais pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l’hameçon, tire le premier poisson qui montera; puis, ouvrant sa bouche, tu y trouveras un statère. Prends-le et donne-le-leur pour moi et pour toi. » (Mathieu 17, 23‑26 ; Bible Crampon 1923)
La taxe au temple devait être payée par les hommes de plus de vingt ans (Exode 30, 11‑16), à l’exception des prêtres. Le montant à payer était la moitié d’une pièce d’argent par personne, c’est-à-dire une pièce pour deux.
Le Seigneur Jésus, en tant que « grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech » (Psaume 109, 4 ; selon Hébreux chapitres 5, 6 et 7) n’était pas assujetti à la taxe du temple, car les prêtres en étaient exclus. Si les prêtres de l’ancienne alliance étaient exclus, d’autant plus l’était Jésus, le « médiateur d’une alliance supérieure » (Hébreux 8, 6).
Par ailleurs, le Seigneur Jésus n’est pas seulement le grand prêtre de la nouvelle alliance, il est aussi le Fils de Dieu fait homme. Or par sa nature Divine il est davantage que le plus grand serviteur du temple, il en est le propriétaire, comme l’indique l’Ecriture à maints endroits, mentionnant le temple en tant que « temple de Dieu ».
Etant donc excepté de la taxe au temple, le Seigneur l’a toutefois payé. Premièrement, pour éviter un scandale inutile, et deuxièmement pour nous enseigneur sa douceur et son humilité (Mathieu 11, 29). Le premier bénéficiaire de cet enseignement a été l’apôtre Pierre qui, lui seul, a été témoin de la pêche miraculeuse d’un poisson portant dans sa bouche le montant précis de la taxe pour deux hommes.
Dans les détails du paiement de la taxe au temple, le Seigneur se découvre en tant que connaisseur de toutes choses et maître de la création. Il sait, par exemple que Pierre, si pressé de s’engager dans le nom de son maître au paiement de la taxe, ne l’avait pas payé lui-même. Sans lui faire de reproche, le Seigneur lui demande : « donne-le-leur pour moi et pour toi ». Par cette demande il enseigne encore l’humilité car il se mentionne lui-même en premier, alors qu’il ne devait pas la taxe, et Pierre, qui la devait, le deuxième.
Dans cette perspective, contribuer à l’entretien de l’église et aux besoins matériaux de la paroisse en général n’est pas une tâche insignifiante et dépourvue de sens spirituel. Au contraire, malgré l’aspect grossier, il s’agit de notre participation même à la vie du Christ, par l’humilité.